7e Festival International du Film Policier de Beaune
Du sang neuf dans le polar
5 jours de festival, près de 40 films, 20 000 visiteurs, 13 000 spectateurs
Le Festival du Film Policier de Beaune (après le Festival de Cognac de 1982 à 2007) célèbre un genre fondamental de l’histoire du cinéma, qui ne s’est jamais essoufflé et a toujours su se renouveler, mais aussi la richesse d’une littérature tout aussi populaire et créative.
Beaune a accueilli quelques uns des plus grands cinéastes de notre temps comme David Cronenberg, William Friedkin, James Gray, John McTiernan, Bertrand Tavernier, Brian De Palma, Park Chan-wook et David Lynch…
C’est aussi le seul festival à accueillir un jury de policiers !
A travers les films, les romans, les séries, sans oublier le plaisir de l’art de vivre en Bourgogne (vin et gastronomie), le Festival de Beaune propose une véritable expérience mêlant cinéphilie, plaisirs de la table et convivialité autour de prestigieuses personnalités.
Danièle Thompson (Présidente), Eric Barbier, Emmanuelle Bercot, Stéphane De Groodt, Philippe Le Guay, Laure Marsac, Jean-François Stévenin, Elsa Zylberstein
Santiago Amigorena (Président), Anne Berest, Didier Le Pêcheur, Philippe Lelièvre, Nina Meurisse
CLAUDE BRASSEUR Comédien
JOHN MCTIERNAN Réalisateur, scénariste, & producteur
BERTRAND TAVERNIER Réalisateur, scénariste, & producteur
VICTORIA Sebastian Schipper
UNE SECONDE CHANCE (A Second Chance - En chance til) Susanne Bier & HYENA Gerard Johnson
MARSHLAND (La Isla mínima) Alberto Rodríguez
LIFE ETERNAL (Das ewige Leben) Wolfgang Murnberger
MARSHLAND (La Isla mínima) Alberto Rodríguez
… J’attendais dans le bureau du Département V depuis plus de deux heures, et malgré la résistance de l’air, je sentais monter l’adrénaline et la peur. Je me disais que c’était une seconde chance d’être confronté à cette corruption de chair, et que jamais de la vie je ne tenterai d’y échapper à nouveau. Allait-elle pousser la porte, gantée comme Gilda, ou avec un simple jean laissant deviner son côté magical girl ?
J’étais à 600 miles de l’imaginer dans la peau d’une Cruella d’aujourd’hui, mais je me disais que tout valait mieux qu’une commune blonde aux odeurs marines et à l’esprit égaré qui, telle Hyena, assombrirait notre life eternal, supprimant à jamais la beauté des sunrises. Il est étonnant de constater à quel point les humains perdent la beauté de leur nature originelle quand ils perdent leur humanité…
« Why me? » me disais-je en regardant se consumer cette cigarette mal éteinte aux volutes embrumées d’une chambre bleue.
Je n’étais ni le juge ni l’assassin, je n’avais pas assisté à la mort en direct, et je ne comprenais pas pourquoi encore, alors que nous étions autour de minuit, je servais d’appât. D’ailleurs étais-je un appât, un suspect, un infiltré ? Je pouvais légitimement me poser la question depuis ce moment où, sur la plus petite des îles que seule jadis avait occupée le caporal épinglé, je fus arrêté en vertu de l’article L.627.
En repensant au temps du rififi à Paname qui vit s’affronter caves et détectives, à travers la guerre des polices, je comprenais combien s’effaçait cet univers où se réglaient les affaires les plus complexes même celle de Thomas Crown. Le polar avait-il changé, ou la vie avait-elle changé ? Les séries télé s’étaient accaparé le genre policier parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Cependant je me surprenais à penser que, pour récupérer sa mise, le polar au cinéma – c’est à dire dans des salles et sur des écrans, avec des films faits pour cela – avait dû explorer des terrains sociétaux, métaphysiques, ontologiques et psychiques pour recentrer le thème principal de l’enquête sur la quête surfant sur les crises d’aujourd’hui.
J’étais las de mes pensées quand la porte s’ouvrit brusquement. Elle était là, brune ébène, les yeux sans visage, faisant de moi un homme de trop, rendant tout inutile, vain, imbécile et froid. Je savais que la confrontation était inéluctable et que je tomberais dans ce piège de cristal. La nuit laissait place à des aurores qui n’étaient pas boréales mais qui annonçaient nos peurs… La voix de Veronica Lake murmurait. Victoria était là.
Nous étions le 25 mars. Le train des festivaliers allait arriver, de hasard et d’azur, j’accueillerais tout le monde comme si de rien n’était, effaçant d’un verre de Bourgogne cette nuit obscure, me réjouissant du sourire de tous, prémices de ce festival qui allume nos jours en célébrant l’ivresse des sens associée au plaisir des brumes électriques…Bruno BARDE
Directeur du Festival