23e Festival International du Film Fantastique de Gérardmer
Frissons garantis
5 jours de festivités, une quarantaine de films et de nombreux événements, plus de 50 000 visiteurs
Depuis 1993, et après Avoriaz où le festival a été créé en 1973, le festival du Film Fantastique s’est installé à Gérardmer pour prendre un nouvel élan et devenir la Convention du genre, drainant un public jeune (25-35 ans), enthousiaste et fidèle, venant des quatre coins de France et d’Europe. Il continue de s’imposer comme l’événement incontournable du fantastique en Europe.
5 jours de frisson et d’animations pour allier les plaisirs de la peur dans les salles obscures aux plaisirs de la glisse sur les pistes blanches dans une station de ski des Vosges. Ambiance garantie en présence de nombreux invités !
Claude Lelouch (Président), Sophie Audouin-Mamikonian, François-Eudes Chanfrault, Guillaume Gouix, Jonathan Lambert, Gilles Marchand, Dominik Moll, Louise Monot, Mathilde Seigner, Elsa Zylberstein
Dominique Pinon (Président), Justine Le Pottier, Philippe Nahon, Olivier Van Hoofstadt, Thomas Verovski, Alison Wheeler
ALEJANDRO JODOROWSKI Réalisateur, scénariste, producteur & comédien
WES CRAVEN Réalisateur, scénariste & producteur
BONE TOMAHAWK S. Craig Zahler
ÉVOLUTION Lucile Hadzihalilovic & JERUZALEM Doron & Yoav PAZ
THE DEVIL’S CANDY Sean Byrne
ÉVOLUTION Lucile Hadzihalilovic & JERUZALEM Doron & Yoav PAZ
THE DEVIL’S CANDY Sean Byrne
THE WITCH Robert Eggers
SOUTHBOUND Radio Silence, Roxanne Benjamin, David Bruckner & Patrick Horvath
QUENOTTES Pascal Thiebaux & Gil Pinheiro
Le cinéma a souvent raison. Cet art, qui n’a pas encore livré tous ses secrets, invente une réalité qui, sous un aspect fictionnel, devient la récréation du monde. Ainsi, vérité et création en demeurent les fondements.
L’année écoulée nous a prouvé que le fantastique avait moins d’imagination dans l’atroce que l’actualité. Dans leur intuition, les cinéastes ont anticipé par leurs scénarios la trame annonciatrice du trépas d’une civilisation, où l’espoir de vie s’annule et s’efface au détriment d’une exaltation de mort. Un temps, nous avons rêvé le lait et le miel, aujourd’hui nous célébrons la glaçante pénombre des tombeaux d’une lune gibbeuse. Le Festival de Gérardmer raconte dans ses choix le dérèglement de la nature humaine à travers les grands mythes du genre : les zombies, What We Become, Burying the Ex, The Empire of Corpses, survivance de la pourriture corporelle, moisissure sans âme et sans esprit, agitation claudicante d’une matière périmée et contraire à toute vraie résurrection ; sur nos écrans aussi, profitant d’une société oublieuse de Dieu pour trouver aisément place dans l’imaginaire des auteurs, le diable s’habille en ses incarnations archétypales, The Devil’s Candy, February, Jeruzalem, Howl, The Witch, antéchrist, bouc, possédée, loups-garous, vampires, tous déchus de la nationalité célestielle. Le panorama serait incomplet sans citer le Golem, légende du Maharal de Prague, toujours dénaturé au cinéma, si présent dans Frankenstein, où modeler un homme à partir de tissus morts donne à son “faiseur” l’illusion du démiurge. Nous retrouvons cette forme d’illusion dans Évolution où les femmes ne sont plus seules à enfanter. Les versions proposées, à l’aune de notre époque, sont plus sociales que métaphysiques ou philosophiques.
Dans ce jeu des familles, n’oublions pas les morts qui, comme Marguerite Gautier, ne veulent jamais mourir et se vengent de la vie, We Are Still Here, les disciples de la quatrième dimension, Southbound, les bébés de l’heroic fantasy, The Shamer, les sociétés suicidaires qui oublient les souffrances du jeune Werther dans Harmony, le très beau dessin animé qui nous anime et, bien sûr, le goûteux Bone Tomahawk, ou “tu l’aimais ton copain, reprends-en !” d’un cinéaste glouton mais très digeste.
L’épouvante de toute humanité, chassée, traquée et finalement décapitée dans sa beauté, se mêle avec maturité et modernité dans la sélection.
Cependant, il manquait l’essentielle essence du ciel : la poésie. Cet art qui célèbre sans expliquer, charitable dans la contemplation, altruiste dans l’action, généreux dans la peinture, la littérature et la musique, muse de tous les arts, il nous fallait un maître pour l’incarner. Maîtrisant les arts divinatoires, la philosophie, l’anthropologie, le cinéma, l’écriture sous toutes ses formes, le mouvement, Alejandro Jodorowsky est l’homme lige, le sage de cet hommage.
Après cette respiration “alejandrine”, mime de la rime et génie de la magie de vie, revenons en terres vosgiennes, et invitons tous les cannibales du genre à venir et participer au festin : “Tu l’aimes le Festival, alors reprends-en !”
Bruno BARDE
Directeur du Festival